A R T I S T E   P E I N T R E   H É L I O A                        ~   P E I N T U R E          T E X T E S       E T    P O É S I E   ~

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Thème Joie

"En ce sens, toute joie de vivre, toute adhésion à l'existence,

 même passagère, a un accent cosmique."

Martin Steffens (Petit traité de la joie)

"La joie porte en elle une puissance qui nous bouscule, nous envahit, nous fait goûter à la plénitude.     La joie est une affirmation de la vie."

Frédéric Lenoir  (La puissance de la joie

 "Le rire, c’est le soleil ; il chasse l’hiver du visage humain." 

Victor Hugo  (Les Misérables)

" Une journée sans rire est une journée perdue."

  " Le rire est un tonique, un soulagement, un répit qui permet d'atténuer la douleur. "

Charlie Chaplin 

Et oui, la joie malgré tout, la joie au quotidien et de joyeuses couleurs en centre ville... 

exposition 2017, restaurant Saveurs Bio, Toulouse 

Exposition 2017

"Un sourire coûte moins cher que l'électricité, mais donne autant de lumière."

"La joie emplit le cœur lorsqu'on a rencontré la certitude que la vie n'est pas un chemin qui va vers rien."

 Abbé Pierre 

Exposition 2017

 

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" Je l'ai dit souvent aussi : il est dans l'âme une puissance qui n'est touchée ni par le temps ni par la chair, qui émane de l'esprit et reste dans l'esprit et est absolument spirituelle. Dans cette puissance, Dieu se trouve totalement, Il y verdoie et fleurit dans toute la joie et toute la gloire qu' Il est en lui-même. Cette joie est tellement du cœur, elle est d'une grandeur si inconcevable, que nul ne saurait l'exprimer avec des mots. "      Maître Eckhart  (Sermon 2)

"En laissant la couleur nous remuer et toucher la profondeur de notre âme, elle nous émeut, elle nous met en mouvement, et nous fait ainsi entrer dans la joie la plus pure. Laissez la couleur venir en nous, c'est se laisser emplir par la vie. "

 Henri Matisse

S'éveiller à la joie avec Spinoza

 

             Philosophe néerlandais du 17ème siècle, Baruch Spinoza fut de son vivant l'un des penseurs les plus controversés parce que des plus révolutionnaires. Banni de sa communauté religieuse pour ses opinions jugées hérétiques, il consacra sa vie à développer sa réflexion et édifier une "éthique". Il fut un maître à penser pour de grands auteurs comme Hegel, Deleuze ou encore Bergson qui formula de la sorte son respect et son admiration : "Tout vrai philosophe a deux philosophies : la sienne et celle de Spinoza".

               Si l'utilisation du mot Dieu est courante dans ses écrits, sa conception de celui-ci est très différente de celle de la religion judéo-chrétienne. Pour Spinoza, Dieu n'est pas extérieur au monde, c'est un Être infini composé d'une Substance unique : il est l'ensemble du réel ou, autrement dit, la Nature. C'est le Dieu "cosmique", cause première de toute chose, et sous l'apparente diversité du réel, à travers le monde des phénomènes, réside une seule réalité, la Vie. Identifiant Dieu à la totalité du réel, Spinoza développe sa conception "panthéiste" dans L'Éthique, son œuvre majeure. Bien plus qu'un système intellectuel, Spinoza y propose un véritable chemin vers une sagesse universelle, la joie étant notre guide vers celle-ci. S’appuyant sur son observation et son analyse du comportement humain, Spinoza est un enseignant pratique : il invite à l'exploration et à l'expérience par le procédé d'une compréhension directe et d'une connaissance intuitive. Il y est question de l'usage de la raison et de l'intuition pour tendre vers un perfectionnement de soi.  Il s'agit d'intensifier sa propre conscience de soi et la conscience de Dieu pour toucher notre essence. La joie, celle qui est durable et libératrice, se cultive alors par un travail individuel exigeant qui implique efforts et discernement. Spinoza décrit la voie qu'il propose comme escarpée et ardue mais accessible et débouchant sur la vraie satisfaction de l'âme, la "joie suprême", permanente et absolue. De toute évidence, cet idéal semble difficile à atteindre ; pour autant, l'enseignement de Spinoza est précieux et mérite notre attention. Avec méthode, il expose une voie de sagesse qui, sans ascétisme, invite à avancer vers plus de sérénité et de liberté intérieure. 

L'Éthique, Spinoza, éditions Flammarion poche 1993, Folio Essais 1994 

« J'écris le mot "âme", je le prononce en moi-même, et je respire une bouffée d'air frais. Par association phonique, j'entends Aum, mot par lequel la pensée indienne désigne le Souffle primordial. Instantanément, je me sens relié à ce Désir initial par lequel l'univers est advenu, je retrouve au plus profond de mon être quelque chose qui s'était révélé à moi, et que j'avais depuis longtemps égaré, cet intime sentiment d'une authentique unicité et d'une possible unité. »

François Cheng   (De l'âme, Sept lettres à une amie)

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Thème Joie

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De l’origine

 aux sources d’un tableau

 

par Hélioa

               

                                                                                                                                                           « Murmurer ici-bas quelque commencement des choses infinies ! »                                                                                                                                                                                           Victor Hugo, Dans l'église de ***, Les Chants du crépuscule

                                                                                                                                                             Origine, du latin ŏrigō, ŏrigĭnis, la source,                                                                                                                                                                                                                        la provenance, le commencement 

                                                                                               

                           

                  D'où venons-nous ? Quelle est l'origine du monde ? Que s'est-il passé aux premiers instants de l'Univers ? Si la théorie du Big Bang représente pour certains un début de réponse, elle soulève aussi des questions : qu'y avait-il avant et d'où vient cette énergie primordiale ? Puisque la science nous dit que le temps est apparu en lien avec l'évolution de l'Univers, il n'y aurait pas même à penser à « un avant ». Vertige, nous nous heurtons aux limites du langage et de la pensée. Des réponses exactes à ces questionnements sont-elles seulement envisageables ?  Comment s'approcher au plus près d'un grand mystère qui incontestablement nous dépasse ? Par l'usage de notre intellect ? Par quelque secret de notre âme ?

                   Immémorial questionnement universel, la question des origines a touché toutes les cultures. Au fil des époques, de façon tenace et irrépressible, les habitants de cette planète continuent de s'interroger sur les raisons de leur présence sur un astre situé dans un Univers extrêmement grand et grandiose, qui siècle après siècle, décennie après décennie, semble davantage se dévoiler tout en donnant l'impression de toujours leur échapper. Poètes, théologiens ou philosophes, une même question : celle du commencement des temps. Version mythologique, systèmes cosmogoniques des premiers philosophes, récits religieux, explications scientifiques des astronomes, on nous a proposé plusieurs histoires et discours pour étancher notre soif de connaissance sur nos origines. De la Théogonie, poème d'Hésiode sur la naissance du monde et des dieux grecs, jusqu'aux théories récentes sur le multivers, une multiplicité de réponses pour rendre compte de ce qui est, en le décrivant par une genèse, une origine, un essor ou un déploiement, selon le type de discours et de culture. Chacun des divers récits représente une version de l'histoire du monde, ce qu'on appelle une cosmogonie. S'il existe bien une multiplicité de voies de la connaissance, elles ne sont pas de même nature. Certaines s'intéressent à la manifestation cosmique qui émerge, aux observations et aux mesures, alors que d'autres interrogent les notions d'essence et de sens. Donc, une pluralité d'interrogations et de discours portant sur l'origine du monde mais aussi de quêtes. En outre, nous constatons l'évolution de certains discours, comme en science où l'idée d'un univers statique et éternel a laissé la place au modèle standard du Big Bang, c'est-à-dire à un Univers en expansion à partir d'un instant initial. Qui plus est, au sein même des disciplines, il est souvent question de plusieurs approches. Ainsi, en physique théorique, du paradigme d'un Univers unique aux nouvelles hypothèses sur les univers multiples et parallèles, les discours scientifiques sont riches de leur diversité.

                    De nos jours, on ne récite plus guère les vers d'Hésiode, et il est essentiellement question d'aspects scientifiques. La science a prouvé son efficacité dans l'exploration du macrocosme, l'Univers à grande échelle, tout comme dans la découverte du microcosme, poussant son étude jusqu'au monde quantique. Elle a créé des outils de mesure particulièrement performants qui ont permis de découvrir des aspects du monde qui nous entoure qui n'étaient pas accessibles avec nos sens habituels. D'une certaine façon, elle est active pour scruter et pousser la découverte des domaines invisibles. Pour autant, l'exploration du réel et de « l'invisible » est-elle exclusivement du ressort de la science ? Qu'en est-il d'un savoir ancestral en lien avec une sagesse millénaire ? La grande histoire de l'aventure spirituelle de l'humanité, retracée à travers les parcours des mystiques, des sages et des maîtres spirituels de tous les continents, nous dit que certains êtres ont percé à jour des réalités par des biais différents, celui de la conscience, celui de l'âme, celui de la transcendance. Et si ce monde dans lequel nous sommes tous immergés, ce monde dont chacun de nous est une partie - et c'est là où tout se passe, ce lien inaltérable au tout - pouvait aussi être appréhendé par le phénomène de la conscience, et ce par tout être humain grâce à une faculté intrinsèque de percevoir et de ressentir l'immensité de la vie ? « L’homme antique parlait à un univers qui lui répondait. La science prétend aujourd’hui que l’univers est vide et muet. Personnellement, je ne crois pas que l’univers soit muet, je crois plutôt que la science est dure d’oreille. » Ce sont les paroles prononcées par Hubert Reeves en 1979 à l'occasion d'une conférence internationale, le colloque de Cordoue (conférence organisée en Espagne par la chaîne de radio France Culture sur le thème « Science et conscience : les deux lectures de l'univers »). Soulignant l'importance d'englober dans notre pensée les deux démarches, il insista : « La voix du monde, l’ancienne alliance avec l’univers, ce n’est sans doute pas la science qui peut nous les faire retrouver, c’est l’oreille intérieure, c’est la voie des correspondances poétiques, musicales ou mystiques, c’est la voie du contact avec l’imagination. Ce qu'il faut, à présent, c'est de réconcilier en nous les deux démarches ; non pas en nier une en faveur de l'autre, mais faire en sorte que l'œil qui scrute, qui analyse et qui dissèque vive en harmonie et en intelligence avec celui qui contemple et vénère. Après les longs conflits que notre culture a connus entre chacune de ces voies, le besoin que nous ressentons tous est celui de la réconciliation. Nous ne pouvons pas vivre une seule démarche, à peine de devenir fous ou de nous dessécher complètement. Il nous faut apprendre à vivre maintenant en pratiquant à la fois la science et la poésie, il nous faut apprendre à garder les deux yeux ouverts en même temps. » (1)  Amen ! Quel était l'objectif de ce colloque ? Son organisateur, Michel Cazenave, l'a clairement exprimé : « Essayer d'explorer les voies par lesquelles, un jour peut-être, l'homme pourrait se réconcilier avec lui-même, réunir dans une grande gerbe la puissance de sa raison et la profondeur de son âme, et tendre à une harmonie de ces différentes fonctions, qui prendrait la relève de cette guerre civile permanente dont il est le théâtre au plus intime de son être. » (2)

              Approches mystiques ou contemplatives, récits religieux, perspectives philosophiques, mythes, créations artistiques, discours scientifiques, sont autant de façons d'appréhender ce qui est, autant de manières de décrire le monde. Tout cela participe au grand récit et nous offre la possibilité d'une compréhension plus complète de la nature de l'existence. Notre histoire universelle est riche de cette pluralité de versions qui nourrit notre imaginaire, notre connaissance et notre soif de sens. Fruit d'une démarche inclusive, jeu de synthèse, c'est à la croisée des discours que se situe le tableau Origine : le Souffle de Joie. 

 

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                  Dans la mythologie grecque, Théogonie est le récit d'Hésiode qui raconte l'origine du monde et la naissance des dieux. Chaos est l'élément primordial de la théogonie hésiodique, il précède Gaïa (Terre). Dès l'Antiquité, le sens du mot Kháos a suscité de nombreuses interrogations. Entité énigmatique, il n'a jamais cessé d'être l'objet de débats et nombre de traducteurs contemporains soulignent la tâche ardue qui leur incombe : comment cerner la pensée d'un aède de l'Antiquité qui se plaisait à jouer avec les sonorités mais qui prenait sa tâche de réécriture des mythes hautement au sérieux ? La lecture de plusieurs traductions permet de s'apercevoir que traduire ce mot pourrait s'apparenter à l'interpréter : tantôt livré comme le chaos, dans le sens de désordre, tantôt perçu comme un gouffre, une profondeur béante ou même un creuset cosmique. Parmi les nombreuses traductions qui existent, certaines sont restées fidèles au grec ancien Χάος / Kháos qui signifie littéralement « Faille, Béance », du verbe χαίνω / khaínô, « être grand ouvert ». Ainsi traduit, il n'est plus question de premiers instants du monde chaotiques mais de la présence de Khaos …

 

 « Dites-moi ces choses, Muses aux demeures Olympiennes, et quelles furent, au commencement, les premières d’entre elles. Avant toutes choses fut Khaos » traduction de Leconte de Lisle, 1869 

« Contez-moi ces choses, ô Muses, habitantes de l’Olympe, en commençant par le début, et, de tout cela, dites-moi ce qui fut en premier. Donc, avant tout, fut Abîme » traduction de Paul Mazon, 1928

« Contez-moi cela, ô Muses qui avez demeures sur l’Olympe, depuis le commencement, et dites ce qui, parmi eux, naquit en premier lieu. En vérité, aux tout premiers temps, naquit Chaos, l’Abîme-Béant » traduction de Annie Bonnafé, 1993

« Dites-moi cela, Muses, qui avez vos maisons dans l’Olympe, commencez au tout début ; dites qui d’eux tous est né le premier. Or donc, tout d’abord, exista Faille » traduction de Jean-Louis Backès, 2001 

 

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                 Vous avez dit Big Bang ? Les connaissances scientifiques modernes ayant permis de théoriser sur l'histoire de l'Univers, le terme Big Bang se réfère aux théories décrivant un Univers en expansion. Plus précisément, les modèles de Big Bang désignent la dilatation fulgurante de l'Univers dans sa période dense et chaude survenue il y a 13,8 milliards d'années. Principal modèle utilisé par la communauté scientifique pour décrire l'origine et l'évolution de l'Univers, le « modèle cosmologique standard du Big Bang » est loin d'être l'unique scénario envisagé puisque d'autres hypothèses alternatives plus complexes sont constamment étudiées. Il permet toutefois de rendre compte de la plupart des observations et des résultats expérimentaux issus des technologies modernes. 

               Le modèle du Big Bang s'est construit sur plusieurs décennies en intégrant les découvertes successives en physique et en astrophysique. Puisant sa source dans la relativité générale, il s'est nourri des nouvelles connaissances acquises sur la matière, de la physique atomique à la mécanique quantique. Le terme fait donc référence à l'élaboration sans cesse renouvelée d'un modèle cosmologique. Les trois pères de la théorie de l'expansion de l'Univers sont le physicien russe Alexandre Friedmann, le prêtre et astronome belge Georges Lemaître et l'astronome américain Edwin Hubble. Analysant la théorie de la relativité générale d'Einstein, théorie de la gravitation et de la courbure de l'espace-temps publiée en décembre 1915, le physicien et mathématicien Alexandre Friedmann y découvre la possibilité d'étudier la structure de l'Univers dans son ensemble. En 1922, à partir des équations de la relativité générale, il établit que l'espace se dilate et que cette expansion peut notamment impliquer une singularité initiale. Étudiant à son tour les équations d'Einstein et s'appuyant sur les observations de Vesto Slipher (le décalage vers le rouge), Georges Lemaître a la compréhension, ou l'intuition, que ces équations peuvent aussi décrire un Univers dynamique. En 1927, il rédige et publie en français un article qui établit un système en expansion dans lequel les galaxies s'éloignent avec une vitesse proportionnelle à leur distance. Tenant compte des mathématiques de la relativité générale et projetant le film de l'histoire du cosmos à l'envers, les galaxies devant se rapprocher les unes des autres jusqu'à se rejoindre en un point extrêmement petit, Georges Lemaître émet en 1931 l'hypothèse de l'atome primitif, début temporel de l'Univers. Cependant, de nombreux détracteurs s'opposent à l'idée d'un Univers dynamique avec une histoire et, qui plus est, une origine. L'astrophysicien britannique Fred Hoyle, partisan de la théorie de l'état stationnaire, n'y adhère pas du tout et fait un rapprochement avec les convictions religieuses du prêtre et le fiat lux du récit de la Genèse (un parallèle que Lemaître récusera). C'est ainsi que lors d'une émission de radio à la BBC en 1949, Fred Hoyle utilise pour la première fois l'expression « Big Bang », à l'image d'une soi-disant explosion primordiale, pour caricaturer la théorie d'un système cosmologique en expansion à partir d'un instant primordial. Contre toute attente, et quand bien même la comparaison avec une explosion est considérée comme inadéquate par la communauté scientifique, celle-ci adoptera cette dénomination et le terme Big Bang sera repris dans les articles scientifiques essentiellement à partir des années 70. Jusque dans les années 1920, les scientifiques pensaient que l'Univers était stationnaire et éternel. En élaborant sa théorie de la relativité générale, Albert Einstein s'était aperçu que ses équations décrivaient un Univers en expansion, mais il adhérait fermement à l'idée convenue d'un Univers fixe et immuable, raison pour laquelle il introduisit dans ses équations ce qu'il appela la constante cosmologique, un paramètre destiné à rendre arbitrairement statique l'Univers. À l'occasion d'une rencontre avec Georges Lemaître lors d'un congrès en 1927, Einstein gratifia la version établie par son confrère du qualificatif « abominable ». Il finira pourtant par accepter l'idée d'un Univers dynamique quatre ans plus tard. C'est grâce au premier grand télescope installé sur le mont Wilson en Californie et aux observations de l'astronome Edwin Hubble qu'on s'aperçoit que les galaxies s'éloignent les unes des autres. En 1929, Hubble établit la relation entre la distance des galaxies et leur vitesse d'éloignement, une importante découverte relatée et publiée dans un article la même année et qu'il tentera de vulgariser dans un ouvrage en 1936. L'Univers est donc bien en expansion et l'hypothèse de sa nature dynamique émise par Georges Lemaître se confirme. Puisqu'il est en mouvement et qu'il grandit, les astronomes envisagent qu'en remontant le temps, à un présumé instant zéro, l'Univers est concentré en un point infinitésimal de volume nul et de densité infinie. Pourtant, les preuves apportées par l'observation astrophysique pour valider ce scénario ne semblent pas suffisantes et ce n'est que plusieurs décennies plus tard que l'hypothèse du Big Bang obtient son statut de théorie établie. En 1965, ceci est rendu possible grâce à la découverte fortuite par deux physiciens américains, Penzias et Wilson, du fond diffus cosmologique, un rayonnement fossile d'ores et déjà envisagé par Georges Lemaître et prédit dès 1948 par le théoricien George Gamow. L'identification de ce rayonnement électromagnétique homogène en provenance de toutes les directions du ciel sera capitale pour accréditer la théorie du Big Bang.

                     Aujourd'hui, le « modèle cosmologique standard du Big Bang » est considéré comme la meilleure hypothèse scientifique formulée sur la naissance de notre Univers. Le terme « Big Bang » est quant à lui employé à plusieurs égards. Pour les scientifiques, il désigne les premiers instants de l'Univers observable, à savoir l'époque où l'Univers primordial a connu des conditions de température et de densité très élevées, et il correspond aussi à l'instant marquant l'apparition simultanée de l'espace-temps, de la matière et de l'énergie. Dans la pensée collective, il est perçu comme une explosion primordiale à partir de laquelle serait né l'Univers il y a 13,8 milliards d'années, et dans le langage courant, il symbolise le commencement du monde. 

 

***  

 

 « Au tout début de l'Univers

la Déesse était seule (...)

Elle seule est l'Âme cosmique

Elle est donc le brahman

comme Conscience universelle,

et réunit en Elle-même

à la fois l'Être et le Non-Être ;

par Elle on connaît la Conscience

en tant que brahman sans second

comme une vague d'Existence,

de Conscience et de Joie. »

 

   Bahvricha Upanishad

   issue de la Shakta Upanishad

    (Muktika Upanishad, Rig-Veda) 

 

*** 

 

                   Les astronomes ont établi que l'Univers est silencieux. Sur Terre, le son se propage dans l'air sous forme de variations de pression. Dans l'espace interstellaire, sans atmosphère, la densité de matière est trop faible pour qu'il puisse se diffuser. La lumière est quant à elle formée d'ondes électro-magnétiques qui peuvent se propager à travers le vide spatial. En analysant ces ondes situées dans une gamme de fréquences non-accessible à l'oreille humaine, les scientifiques ont réussi à les convertir en sons audibles, de la même façon qu'ils ont transposé les UV et le rayonnement infrarouge du soleil en ondes visibles. Désormais, à partir d'ondes radio et de l'association d'une fréquence à chaque direction du ciel, les astronomes peuvent reconstruire le son des étoiles et même celui de l'Univers primordial...

 

Extrait de l'essai  De l’origine, aux sources d’un tableau, Hélioa, 2015

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