A R T I S T E   P E I N T R E   H É L I O A                        ~   P E I N T U R E          T E X T E S       E T    P O É S I E   ~

La créativité

                                                                                                                                                                                                                                   "Oser ; le progrès est à ce prix"                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Victor Hugo 

 

                   Créativité artistique, littéraire, scientifique, architecturale ou encore culinaire, il est désormais quotidiennement question de créateurs et créatrices, du fruit de leur créativité ainsi que de leur processus créatif. Si ce mot nous est devenu familier, nous sommes nombreux à méconnaître l'histoire de son émergence. Souhaitant explorer ce thème dans son ensemble, il sera d'abord question de retracer dans les grandes lignes l'évolution de ce concept ainsi que son étude du début du siècle dernier jusqu'aux approches contemporaines. Par la suite, en abordant ses multiples apports, nous verrons pour quelles raisons la créativité se révèle une ressource hautement bénéfique pour l'individu et la société.

 

I - Brève histoire du concept de créativité  

                 Dans la Grèce antique, l'inspiration du poète était bien souvent envisagée comme une influence insufflée par les Dieux. Aristote, grand philosophe grec de l'Antiquité, reconsidéra l'aspect surnaturel de la créativité et l'hypothèse d'une intervention divine en envisageant l'idée d'une inspiration issue de l'individu lui-même et de l'utilisation de ses propres capacités mentales. La créativité continua à se développer au fil des siècles et c'est à la Renaissance que les expressions artistiques, philosophiques, littéraires et scientifiques connurent un véritable essor. Les XVIIe et XVIIIe siècles furent l'occasion de débats autour de la question des fondements du génie créatif, et les notions d'imagination associative, de combinaison d'idées et de conditions environnementales furent abordées. Au siècle suivant, le savant britannique Francis Galton (1822- 1911) commença à tenter de cerner la problématique de la créativité dans ses travaux. Il envisagea notamment l'existence d'une "cave de l'esprit" conservant des informations mentales où l'esprit irait puiser pour générer des idées nouvelles par association. Au début du XXe siècle, le philosophe et psychologue Théodule Ribot (1839-1916) publia en 1900 un ouvrage intitulé Essai sur l'imagination créatrice et apporta sa contribution à l'étude du processus créatif et de l'imagination. Ce professeur, chargé du premier cours de psychologie expérimentale à la Sorbonne, fut aussi un des premiers à étudier et analyser plus en profondeur le processus créatif. Il présenta dans son essai une vision d'ensemble de l'imagination et de l'invention, des aspects alors peu étudiés sur le plan psychologique jusque là. Souhaitant palier à ce qu'il identifia comme une "attitude d'indifférence ou de dédain", il détermina les facteurs à l'œuvre dans l'imagination constructive : le facteur intellectuel (penser par analogie), le facteur émotionnel (le ferment de toute création) et le facteur inconscient (l'inspiration). Il insista sur le fait que l'imagination avait une place primordiale dans l'activité intellectuelle, de telle sorte qu'on pouvait la comparer à la place de la volonté dans l'ordre du mouvement. Remettant en question la pensée restreinte qui prétendait alors que l'imagination était juste réservée à la création esthétique et au domaine  scientifique, il proposa l'idée plus large et plus juste que l'imagination était à la base de multiples activités. Le processus créatif a aussi attiré l'attention du grand mathématicien et philosophe des sciences Henri Poincaré. En 1908,  lors d'une conférence intitulée "L'invention mathématique", il décrivit, à travers des exemples de son propre vécu, les états psychiques qu'il avait traversés dans sa découverte des fonctions fuchsiennes, mettant en avant le rôle décisif de l'inconscient. Le pédagogue et psychologue français Alfred Binet (1857-1911) élabora des études de cas portant sur la création littéraire et il détermina que la pensée créative par association d'idées faisait partie de l'intelligence. Une approche psychologique est développée par Freud (1856-1939) qui envisage l'idée que la créativité résulte d'une tension entre la réalité consciente d'un individu et ses pulsions inconscientes. Il suggère que le processus créatif des artistes mais aussi des écrivains répond à un besoin d'exprimer leurs désirs inconscients par des productions culturelles. D'autres auteurs s'intéressent à la question et dans leurs approches l'inconscient devient une source d'idées exprimées par le biais d'images ou de métaphores.

                     À partir des années 1930, la démarche créative commença à être étudiée attentivement. Une discipline à part entière émergeait. En 1926, le britannique Graham Wallas, professeur et théoricien, analysa encore plus en détail le processus créatif dans son ouvrage The art of Thought. Il y proposa une première schématisation du processus créatif avec quatre phases qui se succèdent : la préparation (la clarification du problème), l'incubation (terme emprunté au langage médical désignant un travail latent et souvent inaperçu), l'illumination (le fameux Euréka d'Archimède) et enfin la phase de vérification de l'idée  par le test. Ce modèle a été repris puis enrichi, notamment par Alex Osborn, un publicitaire américain qui a élaboré à partir de 1940 une technique de créativité qu'il a appelée brainstorming (remue-méninges ou orage d'idées en français ). A l'origine, cette méthode avait pour but de générer un grand nombre d'idées publicitaires et promotionnelles. Redéfinie en 1953 par son auteur, cette technique connut un réel succès dans le monde entier. Par la suite, Alex Osborn fit évoluer sa méthode du brainstorming vers une méthode plus structurée appelée Creative Problem Solving. Dans les années 1950, le psychologue américain Paul Torrance apporte sa contribution à l'étude de la créativité en s'intéressant aux tests de créativité.  Le mot créativité fut mis à la mode grâce au travail du psychologue américain Joy Paul Guilford, à l'origine des notions de pensée convergente et de pensée divergente. Selon Guilford, la pensée divergente est un facteur clé de la créativité puisque plus un individu génère d'idées sur un même problème, plus il a de chances de trouver une idée nouvelle et originale. Il démontra que l'intelligence, pour bien être appréhendée, devait être décrite par de multiples facteurs dont celui qu'il baptisa "creativity", d'où certainement la naissance du terme  créativité. En 1950, dans son discours tenu devant l'APA (American Psychological Association), soulignant que peu d'articles étaient consacrés à ce thème, il demanda aux chercheurs en psychologie d'accorder plus d'attention à ce sujet d'étude. Son constat en forme d'appel fut certainement si bien entendu qu'il a très probablement incité à réaliser les nombreuses recherches universitaires dans ce domaine qui suivirent.  

                      Les travaux d'Edward de Bono, psychologue et spécialiste en sciences cognitives, auteur de très nombreux ouvrages spécialisés autour de la question de la créativité, ainsi que de plusieurs articles parus dans la revue The Lancet, méritent d'être soulignés. En 1967, il a développé le concept de pensée latérale qui consiste à explorer un sujet à partir de points de vue différents afin de sortir des schémas de pensée logiques et classiques basés sur une réflexion linéaire.  Emprunter des chemins de traverse  permet d'examiner une situation sous un angle inattendu. Pendant plusieurs décennies, ce spécialiste a sondé le champ de la pensée créative et a inventé des méthodes de créativité. Parmi celles-ci, "la méthode des six chapeaux", une marche à suivre qui a pour but de dépasser les limitations des méthodes de pensée traditionnelles généralement tributaires de l'argumentation et de la critique, ce qui les rend peu efficaces selon lui. Basé sur une métaphore, chaque mode de réflexion correspond à un chapeau d'une certaine couleur. Cette pensée parallèle permet d'organiser la réflexion selon six points de vue symbolisés par des chapeaux de couleurs différentes : l'information, les faits de façon objective, la neutralité (chapeau blanc); les émotions, les sentiments et les intuitions (chapeau rouge); la prudence et la critique constructive (chapeau noir); les avantages, l'optimisme (chapeau jaune); la créativité (chapeau vert); la prise de recul, l'organisation, le contrôle du processus de pensée (chapeau bleu). Cette méthode permet d'enrichir la réflexion, en laissant tour à tour libre cours à la logique, aux intuitions, à l'optimisme, au discernement, etc. Cette méthodologie originale est utilisée aujourd'hui aussi bien dans la vie professionnelle qu'en milieu pédagogique. 

                    Les dernières décennies ont vu se développer une approche cognitive du processus créatif. Des recherches expérimentales sont menées avec des études de cas et des simulations en intelligence artificielle. Ces recherches sont axées sur l'exploration des représentations mentales et le traitement de l'information lors de l'acte créatif. En France, les études expérimentales de Todd Lubart, professeur de psychologie différentielle à l'université Paris Descartes, co-auteur de l'ouvrage Psychologie de la créativité, développent une approche de la créativité dite multivariée. La créativité, plus qu'une exclusive caractéristique cognitive, est envisagée comme le produit de l'interaction entre des composantes cognitives (connaissances, intelligence), des composantes conatives (motivation et caractéristiques de la personnalité, émotions) et des composantes relatives au contexte et à l'environnement. Cette interaction est perçue comme "multiplicative", de façon qu'un fort niveau de créativité ne peut être atteint que si la plupart des composantes y sont présentes et de niveau élevé. L'étude de la créativité a donc débouché sur une conception multivariée selon laquelle elle dépend d'une combinaison interactive de facteurs cognitifs, conatifs, émotionnels et environnementaux. Il est à mentionner que parmi ces multiples paramètres, le facteur culturel a son importance. Dans d'autres cultures, notamment les cultures orientales et asiatiques ou encore celles d'Océanie, la créativité est moins liée à l'idée d'une élaboration source de nouveauté qu'à l'authenticité du processus de création. Le processus créatif y est perçu comme découlant d'un état de plénitude, comme l'expression du soi profond ou encore comme la connexion avec un monde originel voire avec des ancêtres. 

                   Venons-en à une définition de la créativité qu'il soit aujourd'hui possible de donner sachant qu'elle est toujours et peut-être plus que jamais un sujet de recherche et de débats scientifiques. La plupart des spécialistes la présentent comme la capacité à réaliser une production originale qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste. Dans sa conception générale, la créativité décrit la capacité d'un individu ou d'un groupe d'imaginer, inventer, construire ou mettre en œuvre un concept neuf ou un nouvel objet, ainsi que de découvrir une solution originale à un problème. Si une définition consensuelle se dégage, les auteurs qui se sont essayés à la tâche sont si nombreux que le livre Creating Creativity: 101 Definitions paru en 2000 a regroupé une sélection des 101 meilleures définitions !  Luc de Brabandere, auteur de Pensée magique, Pensée logique, propose quant à lui une définition qu'il a souhaité simple et rigoureuse : la créativité, c'est l'aptitude à changer sa perception; être créatif, c'est être capable de voir les choses autrement.  Nous l'avons vu, les études montrent que la créativité naît de la rencontre entre des capacités cognitives, une personnalité, des caractéristiques émotionnelles et des facteurs environnementaux. Après avoir listé ces ressources et ces facteurs qui fondent le potentiel créatif d'un individu, nous pouvons aussi nous interroger sur les motivations qui sont en jeu. Les objectifs, motifs et desseins sont nombreux  et complémentaires,  tant le processus créatif est omniprésent dans les activités humaines. Les aspects majeurs sont le désir de créer quelque chose de nouveau, le souhait de trouver des solutions originales et la volonté de modifier ou de transformer l'environnement dans lequel on évolue. Nous reverrons ces aspects par la suite.  

                    L'intérêt pour la question de la créativité est grandissant et ce thème de recherche concerne maintenant des domaines variés comme l'éducation et le business. Todd Lubart cite dans son ouvrage de nombreuses revues scientifiques qui publient des travaux sur ce thème, parmi elles, Creativity and Thinking Skills, Psychology of Aesthetics, Creativity and the Arts, International Journal of Talent Development and Creativity, Creativity Research Journal, ou encore Journal of Creative Behavior et International Journal of Creativity and Problem Solving.

                 Cette première partie a permis de montrer qu'au cours de l'histoire, l'élaboration des idées ayant fait l'objet de diverses études, le processus créatif a été démystifié. La créativité est devenue un champ d'investigation pour les sciences sociales et les études récentes permettent d'avoir une meilleure compréhension de ce phénomène complexe. Les études ont montré que deux modes opératoires s'innervent en permanence, que l'on en soit conscient ou pas, remettant en question les discours catégoriques prônant l'idée de la suprématie d'une logique rationnelle et des capacités intellectuelles dans l'acte créatif en général ; ou bien, à l'opposé, l'idée d'une prédominance de la pensée créative intuitive. Pour autant, chaque créateur ayant un profil singulier teinté par son histoire, sa personnalité et/ou la situation qui se présente à lui, chacun déploie son propre processus créatif. Les recherches scientifiques sur les processus conscients et inconscients analysés par les neurosciences ont abouti à de nombreuses découvertes notamment celle que conscient et inconscient sont étroitement imbriqués. Bien qu'ayant réalisé de grandes avancées ces dernières décennies, la recherche en neurosciences n'a pas encore percé tous les mystères de la conscience. Ainsi, il existe toujours des aspects du processus créatif qui échappent au champ d'étude. Dans certains cas, il semblerait que l'élan intérieur d'un individu rejoigne un élan plus grand. Apparemment, ce fut le cas du génial mathématicien indien Srinivasa Ramanujan (1887-1920), célèbre pour son extraordinaire productivité en matière de formules. Il révéla son processus créatif en attribuant sa capacité de réflexion et son inspiration à une déesse hindoue. Selon ces biographes, Ramanujan avait coutume de dire : "Une équation pour moi n'a aucune signification, à moins qu'elle ne représente une pensée de Dieu". Quant à Mozart, il disait de sa musique qu'il l'écrivait "sous la dictée des anges". L'élan des facultés personnelles de ce virtuose à la rencontre d'un monde angélique... cela reste un mélodieux mystère. 

II- Une créativité bien naturelle

                   La créativité est reconnue comme une aptitude naturelle de l'espèce humaine. De l'apparition des premiers outils, tels que des flèches taillées en pierre, aux peintures animalières dans les grottes, l'archéologie a mis en évidence l'utilisation de cette capacité créative dès les tout premiers temps de notre histoire.  

par Hélioa, 2019, extrait de l'essai Propos sur la créativité

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" Sème ! " Thème Créativité

                    

 

 

                     L a   n o u v e l l e   v a g u e

 

 

       Elle court comme une fusée, la nouvelle vague élancée

       Telle un trait d'union propulsé dans le mauvais temps annoncé

       Des artistes du monde entier offrant leur créativité

       Une vague pour ressourcer une humanité asphyxiée

       Tout purifier puis relever, réinventer et inspirer

       La tête à déconditionner et la conscience à éveiller

       Un quotidien à sublimer, ton être à vite célébrer

       Une Terre à synchroniser, l'homme à universaliser   

        

                                        Hélioa (2018)            

                     

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